François de Roubaix, c’est un tout. On l’aime pour sa musique, pour son charisme, son charme, son look romantico-hippie-rock mais aussi pour l’époque glorieuse, bénie et révolue qu’il représente au travers des films auquel il est associé. Les Aventuriers, Les Grandes Gueules, La Scoumoune, Le Samouraï, ... Ces années 60 et 70 aux bonnes vieilles bagnoles Françaises, DS, 404 ou autres 4L, aux figures mythiques du grand écran, Ventura, Delon, Belmondo, Constantin, Bourvil, Jess Han, Paul Crauchet, aux grandes blondes en bottes de cuir et mini jupes... Comme dirait l’autre : «Toute une époque...» C’est cette ambiance qui a été recréée durant ces deux journées rétrospectives passées dans l’obscurité multicolore du Divan du Monde, salle de spectacle au décor baroque et intime.
Je n’ai pas pu assister à l’intégralité des événements, le programme étant trop conséquent. Aussi, c’est un petit compte-rendu partial, incomplet et sans recul, en vrac et dans un désordre chronologique total pour évoquer ce défilé grisant de tant d’informations et de spectacles que je présente ici.
Le week-end hommage à François de Roubaix s’est déroulé les samedi 9 et dimanche 10 septembre 2006 au Divan du Monde à Paris dans le 18e arrondissement. Ces deux jours ont largement dépassé la simple présentation de l’œuvre musicale du compositeur de musiques de films François De Roubaix. La manifestation, très riche en événements, réellement multimédia, a été une véritable exploration non seulement de l’œuvre musicale de De Roubaix mais aussi de ses autres talents (dessinateur, peintre, cinéaste...) de sa vie, de ses origines de ses influences... Projections géantes, sur plusieurs écrans, de photos présentant sa famille, ses amis, sa jeunesse, presque sa vie intime... Parfois à la lisière de l’indiscrétion mais jamais exhibitionnistes, souvent confidentielles, toujours attachantes et émouvantes (François enfant, avec ses parents, sa sœur ou ses copains, François amoureux, heureux, «déconnant», extravagant, ou bien sérieux, concentré, professionnel...) ces photos ont donné au spectateur le sentiment d’être accueilli dans la «famille», dans le clan, dans le large cercle des amis, des amitiés et des connivences de François.
Sans entrer dans le détail des événements (voir programme au format PDF plus bas), on peut évoquer les différentes projections de films et court-métrages. Tout d’abord avec un aperçu du musicien grâce au film de Jean-Yves Guilleux et Alexandre Moix, «François de Roubaix l’Aventurier» qui le présente à travers ses propres commentaires et les souvenirs de ses proches. Ensuite, avec une illustration musicale de son fils, également musicien, Benjamin de Roubaix qui a réalisé la bande originale du court «Visions» d’Aurélia Koffler-Dausse. La seconde journée s’est ouverte sur le film restauré «Les Aventuriers» avec Ventura, Delon et la mythique Joanna Shimkuss qui nous ont replongés dans le charme des couleurs des années 60, presque pastellisées par le temps. Puis un montage d’extraits du film de Serge Korber, «L’Homme Orchestre», sur fond de remix avec DJ OOF aux platines.
Ces journées ont également été riches en informations sur les procédés d’enregistrement du compositeur grâce à l’intervention de Jean-Pierre Pellissier, principal ingénieur du son et ami de François de Roubaix et aux commentaires du spécialiste de la musique de films, Stéphane Lerouge.Ils ont «dévoilé» certains trucs et astuces de François de Roubaix pour contourner les problèmes des techniques d’enregistrement de l’époque ou tout simplement une maîtrise imparfaite de certains instruments de musique. A titre d’exemple, il arrivait à François de Roubaix d’enregistrer un motif musical à vitesse lente puis de le repasser à double vitesse sur le magnétophone pour obtenir un morceau d’une dextérité presque hors de portée des plus grands virtuoses. De quoi alimenter l’éternel débat entre les adeptes du système D et les intégristes de l’exécution parfaite, fruit d’un dur labeur. Ceci étant, quand on connaît l’étendue des talents de musicien de François de Roubaix et sa pratique d’une multitude d’instruments, on peut mettre ce genre de «supercherie» sur le compte d’un esprit inventif et pragmatique plus que sur celui d’un paresseux. Par ailleurs, des bijoux tels que le piano bastringue dément de «HO !» ou les trompettes en folie de «l’Homme Orchestre», obtenus par ce procédé, pardonnent d’une manière flamboyante ces pratiques peu orthodoxes. Et, de bidouillages en tripatouillages sonores, on en est logiquement arrivé au forum sur le remix qui a élargi le sujet pour inscrire la musique de François de Roubaix dans un héritage qui continue de se développer au travers de genres de musiques variés et à niveau international.
Différentes apparitions scéniques (Les Troublemakers, DJ OOF, ...) ont ensuite ponctué les plateaux discussions, plongeant la salle dans un arc-en-ciel de climats sonores dont certains un peu «tirés par les cheveux» par leur peu de rapport avec la musique de François de Roubaix. Mais c’est tout l’intérêt d’un héritage musical d’être aussi divers et varié... Par contre, petit bémol en ce qui concerne la prestation de l’Orchestre Cinématographique de Paris. J’ai eu l’impression d’assister à un massacre organisé de la musique de mon compositeur fétiche. Arrangements pompiers, pots pourris pénibles, musiquette de Superette, le tout agrémenté d’une mise en costumes ridicule. Sans mettre en cause le professionnalisme des musiciens, je regrette énormément un manque de nuance et de sobriété dans l’interprétation.
L'autre événement du week-end était la parution en avant-première de la biographie de François de Roubaix de Gilles Loison et Laurent Dubois qui ont dédicacé leur ouvrage. Quelques fans du compositeur ont ensuite parcouru la salle, leur bible sous le bras, à la recherche des amis de François de Roubaix pour leur demander de bien vouloir signer à leur tour certaines pages du livre où ils apparaissaient.
Enfin, un grand bravo pour la meneuse de revue, Patricia de Roubaix qui a dirigé ces deux jours avec sa bonne humeur coutumière et son dynamisme contagieux. C’est donc un magnifique hommage à François de Roubaix qui lui a été rendu par sa famille, ses amis, ses proches collaborateurs. Il ressort de tous ces témoignages, une personnalité particulièrement attachante, fédératrice et envoûtante au talent et à la créativité impressionnants. |
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